Le mécanisme du stress
Le processus de création des tensions est étroitement lié aux réponses nerveuses des systèmes sympathique et parasympathique face à une situation ou un contexte déstabilisant.
Prenons un exemple. Vous êtes dans la savane pour un safari photo. Prudemment, vous sortez de la jeep, appareil photo à la main, et vous apercevez non loin de là un groupe de lions en train de se prélasser au soleil. Vous prenez quelques clichés et soudain, un des lions remarque votre présence et se précipite dans votre direction alors que la voiture est à une dizaine de mètres.
Voyons ce qu'il se passe à l'intérieur...
Le nerf optique transmet l'impression visuelle au cerveau qui traite l'information et compare avec sa base de données interne (la mémoire) pour déterminer si cette créature est connue ou non et surtout, s'il y a lieu de s'inquiéter. Immédiatement, le cerveau identifie le félin et l'associe à un grave danger potentiel. Une impulsion est instantanément envoyée vers le système sympathique afin que tout l'organisme accélère son métabolisme pour être en mesure de répondre de façon adéquate à cette menace imminente :
- la respiration et le rythme cardiaque s'accélèrent,
- les bronches se dilatent,
- les surrénales sécrètent de l'adrénaline et du cortisol,
- les pupilles se dilatent et tous les sens sont exacerbés,
- une importante quantité de glucose est libéré dans le flux sanguin pour soutenir un effort imminent,
- toute activité dans les viscères est interrompue et le sang est redirigé vers les bras et les jambes
- les muscles se contractent, etc...
En bref, tous les sens sont à l'affût et l'organisme est en état d'alerte pour faire face au combat ou à la fuite (fight or flight).
Dans le cas présent, à moins d'être un guerrier Massaï, vous opterez sans doute pour la seconde option. Grâce au changement de métabolisme induit par le stress, la distance qui vous sépare de la voiture est couverte en un rien de temps et vous voilà à présent sain et sauf dans l'habitacle. Le lion, visiblement déçu que le jeu s'arrête si vite, retourne nonchalamment poursuivre sa sieste auprès de ses dames.
Notez que toutes ces modifications physiologiques complexes sont intervenues en une fraction de seconde.
Une fois le danger écarté, la tension retombe. C'est le système parasympathique qui entre en action pour annuler les effets du stress déclenchés par le système sympathique et ainsi rétablir le calme dans le corps (rest and restore).
- la respiration redevient calme et régulière,
- le cœur ralentit ses battements,
- les pupilles se contractent,
- le sang retourne vers les viscères,
- les muscles se détendent, etc...
Le stress au quotidien
Dans notre exemple, le stress est positif puisqu'il permet d'adapter l'organisme à des conditions extrêmes. Le vrai problème survient lorsque le stress devient chronique et que le système parasympathique ne parvient plus à rétablir le calme au niveau physiologique. Il s'ensuit alors un épuisement graduel du système nerveux dont les conséquences peuvent être extrêmement sérieuses pour la santé.
Ainsi, le mode de vie actuel engendre une stimulation permanente du système nerveux et du mental créant une multitude de tensions aux niveaux physique, émotionnel et mental. Si nous ne tombons pas nez à nez avec un lion tous les jours, le quotidien d'un citadin est néanmoins rempli de rencontres et de situations non moins déplaisantes impliquant parfois des vautours, des renards, des corbeaux, des pieuvres etc... qui affectent tout autant le système nerveux.
Les contraintes horaires, les conflits émotionnels, les soucis financiers, les environnements compétitifs, la pollution, le bruit.. sont les principaux facteurs de stress. Le milieu du travail avec ses horaires, ses rapports hiérarchisés, la nécessité de prouver sans cesse sa valeur, la crainte de perdre son emploi, etc... représente probablement la source de stress chronique la plus importante dans la société actuelle, comme le prouve le nombre alarmant d'individus atteints de "burn-out" chaque année. L'individu y est souvent soumis à des pressions et tensions quasi-permanente, même s'il ne s'en rend pas forcément compte, et, à moins de trouver un moyen de les gérer efficacement, le corps finit tôt ou tard par en payer le prix. C'est le caractère répétitif du stress qui le rend dangereux et pas forcément son intensité ponctuelle.
Yoga et gestion du stress
Pour gérer les tensions nerveuses, chacun y va de sa méthode. Le sport, les vacances, les divertissements, le plaisir des sens, changer de travail, de lieu de vie, de partenaire, etc... permettent ponctuellement d'évacuer le stress mais très vite, on s'aperçoit que la tension revient peu de temps après.
Le Yoga permet d'apporter un soulagement durable au stress car il agit directement au niveau du système nerveux autonome. Ainsi, au lieu de simplement laisser s'échapper la vapeur d'une cocotte-minute sous pression, comme c'est le cas avec le sport, on réduit aussi l'intensité de la flamme qui est en dessous afin que la pression ne remonte pas tout de suite.
Dans une posture, une certaine tension est exercée sur le muscle laquelle occasionne, surtout chez le débutant, une sensation assez inconfortable qui peut s'apparenter à une lutte. Le système sympathique est activé. Puis, immédiatement après, la posture est suivie d'une courte relaxation où le muscle peut se détendre. Le système parasympathique entre en action.
Cette alternance entre contraction et détente musculaire constitue un véritable entraînement pour le système nerveux autonome. Progressivement, le pratiquant parvient à passer d'un état à l'autre de plus en plus naturellement. Ainsi préparé, il devient beaucoup plus facile de faire face aux défis de la vie quotidienne avec une attitude détachée puisque notre système nerveux a été habitué à passer d'un état à l'autre. De plus, les effets d'une séance de Yoga se prolongent jusqu'à 24 heures, notamment par le biais du système hormonal. Une pratique quotidienne garantit donc une relative imperméabilité aux agents stressants, même si l'organisme est soumis à une tension importante pendant la journée.